La 5G au Maroc avant la coupe d’Afrique des Nations

Après un grand retard dans le déploiement du réseau 5G, le Maroc passe à la vitesse supérieure pour rendre ce réseau disponible avant le coup de sifflet de la Coupe d’Afrique des Nations, que notre pays accueillera du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026.

L’histoire des télécommunications au Royaume du Maroc témoigne que le pays a toujours suivi l’évolution de ce secteur, depuis son démarrage en 1883, soit seulement sept ans après l’invention du téléphone. Depuis cette époque, le Maroc a constamment développé son réseau des télécommunications en fonction des avancées technologiques, qu’il s’agisse du téléphone manuel, automatique, numérique, puis de l’internet et de la téléphonie mobile avec ses différentes générations jusqu’à la 4G.

Cependant, le Maroc a connu un grand retard dans l’adoption du réseau 5G, ce qui constitue une première dans son histoire des télécommunications, marquant ainsi un retard technologique dans un secteur vital qui a longtemps été un pilier du développement du pays.

Aujourd’hui, le Maroc tente de rattraper le temps perdu pour introduire la 5G avant le coup de sifflet du premier match de la Coupe d’Afrique des Nations. En raison du délai très court, les opérateurs télécoms visent à couvrir 25 % de la population avant le début de la compétition. Ce délai restreint rend cet objectif difficile à atteindre et pose plusieurs défis, que nous résumons comme suit :

  • La 5G est une technologie de rupture par rapport aux anciennes technologies. Elle n’est pas une simple continuité de la 4G, mais nécessite une toute nouvelle infrastructure. Cela oblige les opérateurs à investir massivement et à faire face au défi du temps pour bâtir un nouveau réseau avec ses propres centres et antennes-relais dans les quartiers et les rues. Il s’agit donc de créer un réseau parallèle à celui déjà existant, et non de réutiliser l’ancien pour transmettre le trafic 5G.
  • En raison du coût élevé du réseau 5G, les opérateurs se limiteront à offrir cette technologie dans les grandes villes concernées par la CAN, dans les zones à forte densité de population, et dans des lieux stratégiques comme les zones touristiques ou les sièges des grandes entreprises. Cela risque d’accentuer davantage les inégalités numériques déjà présentes dans le pays.
  • La qualité du service 5G représente le plus grand défi, étant donné le peu de temps restant avant la Coupe d’Afrique. En plus des antennes traditionnelles (installées sur les toits ou les pylônes), le réseau 5G nécessite de nombreuses petites antennes, qui seront installées de manière dense dans les zones ciblées. Ces équipements sont cruciaux pour garantir une bonne qualité de service, mais ils demandent du temps pour être placés, ajustés et optimisés.
  • Un autre défi technique majeur est celui de la disponibilité du spectre de fréquences. Il faut définir les fréquences qui seront achetées pour répondre à la forte demande de la 5G. Il suffit de rappeler que certains pays européens, pour généraliser la 5G, ont dû réaffecter des fréquences auparavant réservées à la télévision publique, pour comprendre l’ampleur du défi.

Il est certain que les trois opérateurs télécoms donneront la priorité au retour sur investissement (ROI) pour le déploiement du réseau 5G, en ciblant les zones à forte capacité de consommation et les couches sociales capables de payer un abonnement mensuel à ce service. Cela remet en cause une autre fois la justice territoriales, car la fracture numérique pourrait s’accentuer.

Si actuellement la fracture numérique concerne principalement l’opposition urbain/rural, celle liée à la 5G pourrait s’étendre à l’intérieur même des villes, en créant une différence entre les grandes métropoles et les villes moyennes ou petites. Pire encore, cette fracture pourrait apparaître au sein des grandes villes elles-mêmes, entre les quartiers riches et les quartiers populaires, puisque la logique de rentabilité sera prédominante pour les opérateurs.

L’État interviendra-t-il pour soutenir la couverture du reste du territoire national en 5G afin d’éviter l’aggravation de cette fracture numérique en milieu urbain ? Quant au monde rural, son destin semble être la précarité numérique, et non seulement la fracture numérique avec le monde urbain.

C’est le début de l’ère 5G au Maroc, et comme on dit, « tout début suscite de l’étonnement ». Mais ce début doit être accompagné d’une bonne gouvernance et d’une intervention des autorités concernées, afin que le réseau 5G soit accessible à toutes les régions et couches sociales, et ainsi éviter l’approfondissement des fractures numériques, qu’elles soient territoriales ou internes aux villes.


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